OM : quel capitaine pour le navire ?

Publié le par Manudlt

Sorti de la Ligue des Champions, 9eme de Ligue 1, l’OM n’y est plus cette saison. Au-delà du jeu le club Phocéen semble plus que jamais gangrené par des dissensions internes de plus en plus fortes. Labrune, chahuté par des anciens présidents et qui semble avoir du mal à gérer une tension devenue quotidienne entre Anigo et Deschamps, des supporters agacés. La désunion sacrée semble à son paroxysme à deux jours du classico. Décryptage.

 

« Il faut arrêter de mettre des présidents fantoches (…) Labrune, c’est un type adorable. Il a joué un rôle majeur quand il était le représentant de l’actionnaire, car il avait la confiance de celui qui avait l’autorité. Mais auprès des joueurs, quand Labrune parle… » Comme souvent, Bernard Tapie ne fait pas de sortie pour distribuer des carambars. Des propos tenus au quotidien l’Equipe fin mars, qui ont bien évidemment fait réagir l’intéressé, mais aussi d’autres anciens présidents comme Christophe Bouchet, qui en prend aussi pour son grade.  Labrune n’a pas tardé à répondre en affirmant que  "L'OM est une institution. Personne ne la mettra à terre, ni les journalistes, ni ceux qui parlent, ni les anciens présidents." Une institution peut-être mais qui vacille pour sur. 

 

Car depuis la mort de l’emblématique Robert Louis-Dreyfus, en juillet 2009, il semble que l’institution OM peine à trouver une nouvelle tête dirigeante forte et incontestable. Il avait la passion du foot, du club, mais aussi les cordons de la bourse. Et sous son ère se sont succédés des présidents aux profils souvent similaires : Bouchet, Diouf, Dassier ou autant de journalistes ou communicants, qui auront tous connu des périodes fastes, d’une finale UEFA en 2004 pour Bouchet, à la remontée vers les sommets et la régularité en Ligue des Champions Pour Diouf, et un titre de Champion de France attendu depuis 17 ans pour Dassier. Ce dernier n’ayant en fait que récolté les fruits du travail de son prédécesseur, mais surtout de l’arrivée de Didier Deschamps. 

 

 Deschamps n’est pas Fergusson ou Wenger

 

Car c’est cette arrivée qui a permis à l’OM d’apprendre à vivre sereinement sans RLD. Cela a aussi pesé dans l’action poursuivit par Margarita Louis-Dreyfus en mémoire de son défunt mari : continuer à pousser le club Phocéen, contre vents et marées.  « DD » l’ancien capitaine du grand OM, dernier à avoir glané un titre avec le club, désormais entraîneur aguerris. La suite on la connaît…Un titre de Champion, deux coupes de la Ligue, 31 matchs de ligue des Champions, le vélodrome qui retrouvent la fièvre des grands soirs... L’histoire est belle jusque là. Seulement, un entraîneur qui gagne est un entraîneur qui peut prétendre à des pouvoirs élargis, et qui prend plus de place et de poids dans les décisions. Mais la France n’est pas l’Angleterre, et Deschamps n’est pas Fergusson ou Wenger. Il doit composer avec un directeur sportif, José Anigo…avec qui les relations se délitent de jour en jour.  

 

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José Anigo, serait-il donc le nœud problème ? « Ils le savent que c’est José (Anigo) le problème. Moi je suis cash. José, je l’aime bien mais soit il prend l’équipe en main lui-même, soit il laisse Didier (Deschamps) travailler tranquillement » n’avait pas hésité à clamer Basile Boli, autre gloire de l’OM version 93 sur RMC en novembre dernier. Anigo ou l’homme qui ne doit son salut qu’à Pape Diouf alors que RLD s’apprêtait à le remercier..Anigo ou l’habile négociateur au large réseau qui a géré les venues et éclosions des Drogba, Ribéry, Mandanda et à qui l’on doit aussi l’accent mis sur la formation au club..

Mais Anigo ou aussi l’homme qui entretient une proximité parfois douteuse avec les supporters, certains l’accusant « d’acheter la paix sociale » dans les tribunes du Vélodrome. « En 2005, Anigo croise son ancien président Christophe Bouchet dans les couloirs du Vélodrome. Quelques instants plus tard, les South Winners scandent des insultes à l’encontre de l’ancien journaliste. Personne d’autre pourtant ne l’a vu arriver. » expliquait le quotidien 20 min en octobre dernier. Une connivence, que Deschamps lui-même ne peut s’empêcher d’avouer à demi-mots à l’issue du match aller face au Bayern de Munich.: "Il nous a aussi été reproché de ne pas avoir vendu toutes les places, mais vous savez aussi bien que moi pourquoi et c’est aussi votre rôle de l’expliquer. Il ne faut pas trouver de fausses explications, mais peut-être que vous ne pouvez pas tout écrire.. » visant assez implicitement Anigo, présumé coupable des banderoles « Deschamps et tes joueurs cassez-vous »..De « bon goût » pour un entraîneur qui a reconquis la couronne nationale…

 

Une situation qui rappelle Bordeaux

 

Alors, il convient d’admettre aussi  que certains choix sportifs et dans la gestion de certains cas (Valbuena, Niang, Lucho, Heinze..), La Dech n’est pas exempt de tout reproche et on doit lui attribuer une partie des échecs de cette saison, notamment en Championnat. Mais des échecs il n’y aura pas eu que cela non plus à retenir d’un exercice 2011/2012 qui touche à sa fin. Si l’OM gagne la Coupe de la ligue pour la 3e année consécutive, tout en étant crédité d’un quart de final de Ligue des Champions, il sera difficile de parler de saison blanche…

 

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Mais comme le point de non-retour semble être atteint entre l’entraîneur et le directeur sportif, avec un  président qui arrive difficilement à gérer le conflit, se pose maintenant la question de l’avenir de DD. Chelsea et l’Inter seraient intéressés et l’ancien Capitaine des bleus pourrait y être sensible. Une situation qui rappelle en surface le cas Laurent Blanc à Bordeaux.. Et inutile de rappeler les eaux troubles dans lesquelles naviguent les Girondins depuis bientôt 3 ans…

 

Un mal profond

 

Nul ne sait donc pour l’instant de quoi demain sera fait. Une chose est cependant certaine..Cette instabilité et ces luttes de territoires caractéristiques et récurrentes à Marseille pourraient causer d’autres dommages qu’une 9e place en Championnat. En effet, Margarita Louis-Dreyfus n’a sûrement pas la patience de son mari, et ne pourra mettre la main à la poche indéfiniment, quels que soient les investissements, judicieux ou pas si derrière, les luttes de pouvoir viennent empêcher le club de se stabiliser et d’avancer de manière durable. Dans ce sens, la demande qu’aurait formulé Labrune d’une rallonge de 35 M€ en fin de saison (dont 20 pour combler les déficits et 15 pour faire face au manque à gagner lié à la non qualification en Champions League) semble osée vu le contexte actuel. 

 

Un contexte qui ne devrait pas non plus rassurer de potentiels investisseurs ou sponsors. Car l’OM reste certes une institution au potentiel commercial évident, mais aussi un navire bien difficile à piloter. Reste à déterminer qui est en trop à bord…Les banderoles des supporters ont peut-être malheureusement donné une indication…à Marseille semblent avoir l’immunité ceux qui mettent de l’argent où les gens du cru qui ont su tisser autour d’eux une toile assez solide.

 

Incertitude donc. Et si le club Phocéen remporte ce week-end le classico face au PSG des puissants Qatariens et la finale de la Coupe de la Ligue le 14 avril façe à Lyon, la pilule d’une saison compliquée sera peut-être moins dure à avaler. Mais le mal semble plus profond. Et c’est à cela qu’il va vite falloir  remédier.

Publié dans Football

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